Les auteurs des tirs “avaient l’intention d’atteindre des personnes qui se trouvaient à l’intérieur” des autocars, a affirmé la présidente du Parti des Travailleurs (PT), Gleisi Hoffmann.
“Il y a eu tentative d’homicide” et “nous sommes en train de déterminer s’il y a eu tentative d’atteindre le président Lula”, a-t-elle ajouté.
“Personne n’a été blessé”, a précisé le sénateur Lindbergh Farias, du PT.
L’attaque a eu lieu dans le sud du pays, où Luiz Inacio Lula da Silva, deux fois président de 2003 à 2010, termine sa campagne, entre les villes de Quedas do Iguaçu et Laranjeiras do Sul, dans l’Etat de Parana.
Loin de ses bastions traditionnels du Nord, la caravane de Lula achève dans la capitale de cet Etat, Curitiba, une tournée dans le Sud marquée par l’hostilité de manifestants. Si Lula peut se prévaloir de 56% des intentions de vote dans le Nord-est, son soutien dans le Brésil méridional tombe à 23%.
Il se bat en justice pour rester éligible à l’élection présidentielle d’octobre malgré une condamnation à plus de 12 ans de prison pour corruption par un tribunal de… Curitiba chargé de l’enquête tentaculaire “Lavage express”.
A 35% dans les intentions de vote, Luiz Inacio Lula da Silva devance largement son suivant immédiat Jair Boslonaro (17%). Mais rien n’indique qu’il va réussir à échapper à la prison ni à l’inéligibilité avant la présidentielle. La Cour suprême pourrait dès le 4 avril décider qu’il ne peut plus rester libre.
Jair Boslonaro, qui était attendu en fin de matinée à Curitiba, avait donné le ton dès lundi en mettant au défi Lula “de voir qui ferait descendre le plus de gens dans les rues sans payer”.
Il a traité Lula de “bandit” et félicité les manifestants ayant jeté dimanche des oeufs contre le convoi du chef de la gauche brésilienne, que ce dernier — protégé lors d’un discours par un parapluie — a qualifié de “fascistes”.
Routes bloquées, pantins gonflables figurant Lula en uniforme de prisonnier, graffitis, manifestations, et même jets de pierre et d’oeufs ont émaillé les passages, pendant dix jours, de la caravane de Lula dans 17 villes des Etats méridionaux de Rio Grande do Sul, Santa Catarina et du Paraná.
Comme le veut la coutume, les partisans de ce grand nostalgique de la dictature militaire (1964-1985) devraient l’accueillir nombreux à l’aéroport de Curitiba avant un meeting politique à une centaine km de là.
“Risques d’affrontements”
Les protestataires n’étaient pas forcément très nombreux, mais ils n’ont pas laissé de répit à la caravane de celui qui a été deux fois président du plus grand pays d’Amérique latine (2003-2010).
Outre les partisans de Bolsonaro, le Movimiento Brasil Libre (Mouvement du Brésil libre – MBL, droite) a prévu de se retrouver dans le Parc Barigui, à moins d’un km de la place Santos Andrade où s’achèvera la caravane du Parti des Travailleurs (PT, gauche), conduite par son “pré-candidat” Lula.
Dans ce climat de fortes tensions, la présence policière a été renforcée, a indiqué le Secrétariat de la sécurité de l’Etat.
“Il y a des risques d’affrontements”, a déclaré le politologue Paulo Mora, qui voit une radicalisation dans un Brésil déboussolé, à sept mois d’un scrutin présidentiel qui s’annonce indécis comme jamais.
“Si, alors que la campagne officielle n’a pas encore commencé, on en est déjà à la phase du lancement d’oeufs et de pierres, le risque est que l’élection échappe à tout contrôle”, une crainte “renforcée par la pléthore de candidats qui contraste avec le manque d’idées et de programmes”, a jugé de son côté Eliane Cantanhede, analyste du quotidien Estadao.
Dilma Rousseff, qui avait succédé à Lula avant d’être destituée en 2016 pour maquillage des comptes publics, a exprimé la crainte d’un “bain de sang” pendant la campagne électorale.
“D’après ce qu’on voit des hostilités entre les mouvements dans le Sud, si Lula n’est pas emprisonné, la campagne va être marquée par la violence”, prédit Paulo Mora.
“Je n’ai jamais vu cette barbarie”, a lancé mardi Lula, au surlendemain des attaques d’oeufs, “j’ai vu des manifestations, y compris contre le pape. Les manifestations sont acceptables. Ce qui est inacceptable, c’est la violence”.