Au dernier virage de la dernière ligne droite finale de 2018, l’année semble avoir passé à vitesse de lumière. Non sans heurts.
Cependant beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Beaucoup d’agitations aussi autour du style de gestion du présent gouvernement. Des projets gouvernementaux, pour le moins opaques, imposés sur la population. Des projets, que d’aucuns prétendent, ne figuraient pas dans le programme gouvernemental qui a conduit à son élection en décembre 2014. Escroquerie?
Les actionnaires de la défunte BAI laissés sur la touche. Au même moment, certains décideurs empochent des millions. Des souscripteurs des différents produits de ce groupe toujours dans la tourmente. Un conglomérat démantelé pour des raisons occultes, même “confisqué” (vu la façon et le timing de l’opération) et vendu pour “du pain du beurre”, serait-on tenté de le dire dans le jargon local. On attend toujours les conclusions de la Commission sur la vente de Britam, avec ou sans la déposition du principal concerné, l’ex-Président Emérite du groupe, Dawood Rawat. Une tentative d’écouter ce qu’il avait à dire a capoté, pour des raisons encore floues aux yeux du grand public.
Pendant ce temps certains ministres et autres politiciens se voient offrir des largesses à coup de millions. Des notables proches du pouvoir nommés aux postes avec des rémunérations mirobolantes tandis que le petit peuple doit se contenter des miettes. Des officiers de police mutés pour avoir, semble-t-il, fait leur travail consciencieusement. Tentative d’amender la constitution pour mieux se placer ou accrocher au pouvoir, tandis qu’au même moment l’inondation fait des victimes dans des endroits à risques. Des endroits que l’on connait déjà comme étant vulnérable, mais que l’on a tendance à négliger au grand dam du dicton “gouverner c’est prévoir”.
On apprend aussi durant cette année que bien moins d’emplois ont été créés, selon Statistics Mauritius, entre 2015-2017 (14 300, dont seulement 6 600 pour les femmes) qu’entre 2012-2014 (30 300, dont 18 000 pour les femmes). Et dire qu’on est en train de tout faire pour promouvoir la condition féminine.
Quatre ans déjà, et voilà qu’on se voit flanqué de dettes de plus de Rs 310 milliards de roupies (soit 64.2% du PIB) au 30 septembre 2018, selon une analyse de Pluriconseil publiée récemment. Ces dettes qui tournaient autour de Rs238 milliards (61.6% du PIB) au 31 décembre 2014! Un bilan qualifié de lourd, avec une dette d’environ Rs 300,000 sur la tête de chaque citoyen mauricien. De quoi faire frémir.
Avec autant de copains politiques en situation encombrante, et non des moindres, ministre, et autres, cités dans le rapport de la Commission sur la drogue (certains ont du démissionner de leur postes), sans compter le nombre de rémission ou diminution de peine pour certains notoires, le slogan “mo pou casse lérein mafia” devient de plus en plus creux.
La liste serait trop longue pour énumérer tous les frasques pour le besoin de cet article qui se veut un constat sommaire pour essayer de trouver une voie de souhait pour l’année à venir.
A chaque fin d’année c’est coutumier de souhaiter tout le meilleur pour l’année suivante. On ne va pas déroger à ce principe. Mais dans le contexte précité que peut-on espérer, sinon de se poser la question: “Est-ce qu’on n’est pas en train de se diriger vers une catastrophe économique?”
A un moment où on parle beaucoup d’héritage écologique pour la génération future, a-t-on fait le bon choix pour l’avenir économique?
En tout cas tout ce qu’on peut souhaiter c’est que nos dirigeants prennent conscience et rectifient le tir. L’égo politique doit laisser la place au souci économique pour le bien-être justement de la génération à venir. Les projets de prestige, quoique pas mauvais pour le développement technologique du pays, ne feront qu’aggraver la situation si on s’obstine à faire fi du voeu et du besoin immédiat et effectif de la population. On ne peut qu’espérer que le nouvel an apporte un nouveau souffle pour un meilleur avenir.
Bonne année.
AMANOOLA KHAYRATTEE