A chaque occasion de cyclone ou autres temps adverses, la météo est sous les feux des projecteurs. Avec raison. Car elle est l’autorité responsable pour l’analyse des données météorologiques et les prévisions du temps incluant les phénomènes susceptibles de donner lieu à des conséquences dramatiques. Que les prévisions soient à point ou à coté, elles sont sujette à des critiques, à tort ou à raison. Et c’est ainsi à travers le monde.
Avec l’avènement de la technologie informatique et l’internet on tombe dans un océan d’informations, les unes plus percutantes que les autres. Si auparavant on devait attendre les bulletins pour être au courant de l’évolution de la situation, de nos jours tout est à la portée de nos doigts. Du coup tout le monde est devenu prévisionniste. C’est bon de pouvoir apprécier la situation selon son analyse à soi. Mais de là à prétendre être mieux versé que celui qui est « on the hot seat », il y a de quoi se poser des questions. Tout le monde est expert, sauf les experts, n’est-ce pas ?
L’émission de l’avertissement de classe 3 ce matin à une heure où tout le monde était déjà sur la route du travail, certains déjà au bureau, est venu semer la panique et la confusion dans le public. Pourquoi ne pas avoir émis cet avertissement plutôt afin de ne pas bousculer une journée qui s’annonçait déjà rude avec Calvinia dans les parages. Le spécialiste scientifique qu’est le directeur de la météo doit avoir ses raisons, pas nécessairement compréhensibles à monsieur tout le monde. Certainement il doit des explications. A-t-il raté le coche ? Ou a-t-il subit une influence quelconque ?
Mais le pomme de la discorde a aussi une autre configuration. Il y a de plus en plus une perception d’influence ministérielle sur l’émission ou pas d’avertissement au moment opportun. On n’est pas sans savoir que la météo est régit depuis le 18 novembre par « THE MAURITIUS METEOROLOGICAL SERVICES ACT 2019 ». C’est une loi qui a pour objectif « to provide a regulatory framework for the establishment and operation of the Mauritius Meteorological Services ». Elle définit clairement les objectifs, les fonctions et les responsabilités de la météo et de son directeur. Mais elle crée aussi une ambiguïté avec l’inclusion d’une clause énonçant le pouvoir du ministre de tutelle.
Les sections 4 (c), 5 (b) et (c) et 6 (b) de la loi en question sont claires en ce qu’il s’agit de la part de la météo. Mais la section 10 (1) est sujette à interprétation. Il importe de savoir “to what extent” le ministre “may give such directions of a general character to the Director“. Et quelles sont ces « directions » ? Est-ce que cela voudrait insinuer qu’il pourra influencer le timing d’un avertissement ? A surfer sur les réseaux sociaux, on se rend compte que si beaucoup de gens ont une opinion négative en ce qui concerne la compétence de nos météorologues, il n’est pas moins vrai qu’ils ont aussi la perception que les météorologues agissent sous l’influence politique, du ministre plus précisément (celui qui a la responsabilité du dossier météo) et par ricochet le pouvoir politique en place.
Loin de me substituer au légiste chevronné, n’ayant pas de connaissance appropriée en matière d’interprétation légale, il semblerait que les “directions of general character” (qui reste à être défini dans le contexte de cette loi et qui semble avoir une signification très ouverte) ne pourraient signifier “directions of technical, scientific and professional nature” qui est du seul ressort du directeur de la météo. Donc, toute perception d’influence ministérielle dans l’émission des alertes ne serait que fortuite, strictement dans le cadre de cette interprétation qui en est une d’un profane. Les hommes de loi et les juges sont mieux placés pour donner une interprétation juste et appropriée.
Autrement toutes les spéculations sont permises. Par exemple, certains croient que cette loi aurait été subtilement rédigée pour « empower » le ministre à avoir la main haute sur le département, pour ainsi marquer des points au niveau politique si tout va bien, tout en voulant le “discharge” de toute influence perceptible, mais en même temps rejeter la faute sur le directeur quand les choses se corsent. Ne serait-il pas une politique de « Pile je gagne, face tu perds » ? Encore faut-il, en cas de doute sur une interprétation, se référer à l’Interpretation and General Clauses Act 1974. La section 5 (8) par exemple stipule que “Effect shall be given to each enactment according to its true intent, meaning and spirit“. Allez comprendre. La météo a bon dos