« Dans la vie, pour réussir il faut d’abord rater». Cette citation de Dominique Glocheux, éditeur français et expert en Développement Personnel est très pertinente dans le cas de Jeewan Kumar Kuédou alias Kumba. De recalé du cycle primaire avec des perspectives sombres pour toute personne en situation pareille au Recreation Manager dans un hôtel huppé de l’est, il n’y avait pour lui qu’une lutte: la rage de réussir. Et il remuera ciel et terre, souvent contre vents et marées, pour atteindre son but.
Issue d’une famille très modeste, ce natif de Palma dans l’arrondissement de Quatre Bornes a eu une enfance et un écolage pour le moins tumultueuse. Quelque temps après sa naissance en juin 1956, sa famille bouge vers le nord du pays et élira domicile à Grand Baie, son père ayant dû franchir cette étape pour des motifs professionnels.
Tandis que ses contemporains réussissent les étapes du primaire et du secondaire, et se font une place dans les bureaux, Jeewan Kumar, lui, connaitra d’échec en échec aux examens de fin d’étude primaire. Il échoue à sa première tentative. Il essaiera une deuxième fois, puis une troisième, une quatrième… Hélas!
Les années passent; de plus en plus le succès lui semble hors de portée. Jeewan ne cache pas sa déception; mais il ne lâche pas prise pour autant. Il sait que ce « certificat sixième » c’est le strict minimum qu’il aura besoin pour pouvoir se faire une place dans le monde du travail aussi bien que dans la société. Armé d’une patience hors-commun il entamera une ultime tentative, la sixième et peut-être la dernière, à l’âge de 16 ans. Pendant ce temps ses camarades de classe d’antan sont déjà, ou presque, à la fin de leur cycle secondaire et s’apprêtent à se lancer dans le marché du travail.
Jeewan est aux anges. Il a du mal à y croire, une épreuve longue et combien douloureuse. Ses multiples années d’effort s’avèrent enfin payant. Il obtiendra son Primary School Leaving Certificate tant attendu. Tard, mais à coup sûr. C’est une fierté pour lui quoique en étant au courant qu’il ne pourra pas grand-chose avec ce certificat basique. « Mieux vaut quelque chose en main que rien», se contente-t-il.
Très vite il se fait embaucher comme cleaner dans un hôtel du littoral nord-ouest. Il s’acquittera de sa tâche avec un intérêt particulier qui lui ouvrira d’autres opportunités : « mo ti pe lave vaisselle et nettoyer, ensuite mone rente dan restaurant. Mo ti faire aussi vallet de chambre et lingerie », dira-t-il avec émotion.
Ses supérieurs décèleront en lui un talent de fonceur avec toujours le sens du devoir accompli. Son dynamisme, son enthousiasme et son dévouement pour le bien-être des clients lui vaudront d’être assigné comme moniteur de ski nautique. Il se verra offrir aussi un stage en tir à l’Arch en1976.
Ce battant hors pair ne se contente pas de ce qu’il a pu atteindre, jusqu’au moment où il se joint au Club Med comme responsable de sport terrestre. Une nouvelle étape de sa vie se pointe à l’horizon. Il est envoyé à Paris pour un stage dans ce nouveau domaine pour être ensuite affecté au Maroc pendant quatre mois où il mettra ses compétences en valeur.
Non satisfait de son parcours, quoique brillant jusque-là pour quelqu’un qui n’a pas fait de grandes études, Jeewan va successivement changer d’affectation. D’abord il prend de l’emploi en Italie comme maitre plongeur en 1977 après quoi il atterrira au pays de l’oncle Sam, plus précisément à Houston ou il exercera dans ce domaine pendant six mois.
Mais Kumba n’est pas du type à rester statique. Il retourne à Maurice. Il se mariera à Beedianee le 23 Mars 1980 et partira à nouveau à Paris après trois mois, ensuite au Qatar toujours dans le cadre de sa profession. Mais Il posera ses valises définitivement dans son pays natal quelque temps après au décès de son père. Il reprend son boulot à l’hôtel Trou aux Biches, puis se fait embaucher en 1983 à l’hôtel Touessrok dans l’est de l’ile où il terminera sa carrière en tant que Recreation Manager.
Une autre étape enrichissante de sa vie: il rencontrera des célébrités et non des moindres: Sarah Ferguson et Stéphanie de Monaco, le Dr Chris Barnard premier médecin qui avait brillamment dirigé une équipe à réaliser une transplantation du cœur en Afrique du Sud, Mike Shannon de l’équipe de foot de Southampton, Ian Rush, William Gallas de l’équipe de Chelsea, ainsi que des chanteurs et pas mal d’artistes de renom international.
Jeewan Kumar prendra sa retraite à l’âge de 61 ans après une riche carrière, fier d’avoir pu faire l’avenir de ses enfants. Il a trois filles, Sharda Gupta-Kedoo, Spa Manager à l’hôtel Victoria, Purnima Gupta, Médecin à l’hôpital du Nord et Keshika Gupta-Bhola, Customs Officer à la Mauritius Revenue Authority, MRA et trois petits-enfants âgés de 3 à 13 ans.
Le parcours de ce fils de paysan globetrotter en quelque sorte, illustre bien une citation de Stephen Hawking : « Même si la vie semble difficile, il y a toujours quelque chose que vous pouvez faire et réussir. » Et Jeewan Kumar de conclure: « Rien n’est possible si on ne fournit pas l’effort pour réussir dans la vie. La conviction, la détermination, la volonté, la patience et la persévérance sont autant d’éléments clés qui dévoilent le potentiel inné de l’être humain ».