L’assistance présente à l’Independence House à Mont Lubin ce 1er mai était unanime à dire non à la privatisation des services à Rodrigues. Ils condamnent la tentative du gouvernement régional de vouloir privatiser certains services, tel le gardiennage, le nettoyage et le transport dans les hôpitaux, mais aussi et surtout le secteur de l’eau.
C’était lors d’un “konferans/débat” autour du thème “Privatisation servis piblik dans Rodrigues” organisé par la Rodrigues Government Employees Association (RGEA) dans le cadre de la fête du travail, qui a réuni environ 75 personnes.
C’était aussi l’occasion pour Alain Tolbize, Président de ce syndicat, d’annoncer le lancement du parlement populaire avec une première rencontre prévue pour le 12 Mai prochain. Le but principal de cette nouvelle entité, qui regroupe des syndicats, des forces vives et des “citoyens ki content Rodrig et ki pé militer pou so lavansman”, est de “permettre un approfondissement de la démocratie à Rodrigues à travers des débats et résolutions sur des sujets d’ordre social, économique, politique, culturel et écologique, qui touchent de près la vie des Rodriguais”.
Tous les intervenants à ce débat, incluant Julienne Meunier, Secrétaire, Antoinette Casimir, Trésorière et Stivelle Castel, Conseillère, ont mis l’emphase sur les répercussions négatives de la privatisation à Rodrigues.
Pour le Président de la RGEA, c’est le “démantèlement programmé du service public”. Le gouvernement régional, selon lui, est mal inspiré de venir de l’avant avec des projets de privatisation. Cela, sans aucune explication ni consultation avec la population ou les forces vives.
Vidéo à l’appui, les dirigeants ont démontré que la privatisation, caractérisée, selon eux, souvent par la fraude, la corruption et des coûts exorbitants, a été un échec total dans divers pays du monde. Sous la pression et tension populaires le gouvernement a dû reprendre les secteurs concernés sous sa charge dans plusieurs pays, à l’instar de Buenos Aires, Nigéria, Cameroun, Malaisie, Bolivie, La France la Grande Bretagne et autres.
En se basant sur des expériences dans ces pays, ils sont d’avis que la privatisation impliquera des coûts énormes et craignent que l’eau ne devienne payante. Déjà d’après des rapports, l’eau dessalée coûte pas moins de Rs 50 le litre, qui est bien onéreuse pour le petit peuple.
L’eau étant une nécessité pour la vie, ne peut être entre les mains des compagnies privées dont le seul but c’est le profit et l’enrichissement sur le dos de la population. Si l’Assemblée Régionale pense qu’il n’y a pas assez de mains-d’œuvre qualifiées, elle aurait dû avoir prévu tout ça avant de procéder à l’installation des unités de dessalement au coût de plusieurs millions de roupies. Il n’y a donc aucune raison, selon eux, d’avoir recours à la privatisation.
Selon les orateurs, il y a d’autres solutions pour améliorer les services, si besoin est, au lieu d’avoir recours à la privatisation. Le recrutement de personnes qualifiées, la formation, les provisions des moyens afin de permettre un meilleur rendement sont autant d’éléments importants pour la bonne marche des services. “Zordi nous pé lance ene nouveau forme de révendications pou faire Gouvernement Régional connais ki éna lézot moyens pou améliore service sans passe par privatisation”, dira avec force Alain Tolbize. L’Assemblée Régionale, d’après lui, n’a pas le sens de la priorité: “En plein sécheresse parlement pé discute la loi machine 7 ans”.
Mais il manque aussi des facilités pour le captage d’eau, selon un membre de l’assistance, qui déplore qu’on ait perdu une aubaine avec autant d’eau de la pluie déversée dans la mer pendant ces derniers mois. On aurait dû investir dans le barrage de l’eau. “Dimoune ki noune voté pé prend mauvais décisions”, dira-t-il.
Le syndicat a réitéré son appel à la mobilisation et à une réflexion sérieuse sur les implications de la privatisation.
AMANOOLA KHAYRATTEE