Souvent appelé contre pouvoir ou troisième force, le journalisme, métier noble, a toujours été au centre de préoccupation parmi les politiques. Les gens de la politique ont souvent une peur bleue en face des journalistes. Et pour cause. Ils n’aiment pas que l’on dévoile ce qu’ils veulent cacher.
Aussi c’est un métier dangereux que d’être journaliste. Etant exposé à toutes sortes de représailles allant jusqu’à arrestation, détention ou même emprisonnement dans certains cas, pour n’avoir fait que leur devoir; celui de rechercher et de transmettre des faits et des informations, suivant le professionnalisme et l’éthique auxquels ils adhèrent, mais aussi d’exposer, quand la situation l’exige, les faits ou autres actes répréhensibles de certains politiciens, qui autrement resteraient dans le secret le plus absolu.
L’épisode d’Alvaro Sobrinho où les journalistes étaient refoulés lors d’un point de presse à Ebène dans un passé pas très lointain; le Yerrigadoogate tout récemment, où trois journalistes ont été appréhendé, leurs demeures perquisitionnées; et le cas d’une journaliste de renom qui a été interdite d’accès à l’assemblée nationale pendant une certaine période pour avoir osé écrire certaines vérités, selon elle, qui n’ont pas plu au Speaker, sont autant d’exemples récents qui illustrent bien les risques auxquels les journalistes sont confrontés dans leur quotidien, en quête d’étaler à la connaissance du grand public les faits comme ils les recueillent sur le terrain.
Touria Prayag, rédactrice-en-chef de Weekly, connue pour son professionnalisme méticuleux et pour être une femme battante, est une des victimes du pouvoir en place, pas parce qu’elle est femme, mais parce qu’elle fait son métier de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas.
Dans l’interview qui suit, elle plaide pour la liberté d’expression sans crainte de représailles. La fonction du journaliste, dit-elle, consiste à traiter des sujets d’actualité, partager des opinions et analyses selon la situation, déterrer, informer et dénoncer selon le cas certaines pratiques qui autrement resteraient cachées.
Elle insiste sur la pertinence d’un Freedom of Information Act, pas seulement pour le bénéfice du journaliste, mais aussi et surtout pour les citoyens qui ont droit aux informations. Elle nous parle aussi des représailles que les journalistes ont souvent à faire face dans l’exercice de leur métier. Et finalement elle s’indigne qu’il n’y ait pas un système de syndicalisation ou organisation des journalistes pour défendre leur cause.
Un peu plus loin dans les années 80, plus précisément en avril 1984, on se souviendra de la répression qu’avaient subie les hommes et les femmes du corps journalistique. L’arrestation de 44 journalistes qui s’étaient massés devant le parlement pour protester contre l’introduction de la Newspapers and Periodicals Bill visant à restreindre l’activité journalistique en imposant une caution exorbitante, est encore vivant dans nos esprits.
Gerard Cateaux, autre professionnel chevronné et doyen du journalisme à Maurice avec plusieurs d’années d’expérience s’en souvient bien pour avoir été arrêté dans le cas des manifestations citées en plus haut. Lui aussi a connu des hauts et des bas durant son parcours. Il n’a jamais baissé les bras pour autant.
Pour lui la liberté de la presse ne veut pas dire qu’on peut écrire n’importe quoi. Le journaliste est responsable de tout ce qu’il écrit et doit l’assumer en cas de poursuite pour diffamation. Il insistera qu’on ne devient pas journaliste du jour au lendemain. C’est un métier qui s’apprend et qui requiert des qualités comme la curiosité et la responsabilité, entre autres.
Il nous dira que la relation presse-pouvoir a toujours été conflictuelle et la presse devient la cible principale à chaque fois qu’il y a une majorité forte au niveau du pouvoir. Il nous livre un récit quelque peu nostalgique en faisant un parallèle concernant l’affaire Hussein Abdul Raheem/l’express (qui a défrayé la chronique tout récemment) par rapport à celui de Jean Paul Sheik Hossen/le mauricien (dans les années 70) qui a été, selon lui, le premier psychopathe à sa connaissance dans l’histoire journalistique.
Il dit regretter l’absence de solidarité dans le corps journalistique et plaide pour une organisation pour la défense des droits des journalistes. Ecoutez son interview: