[Opinion] Front Bench: Quelle différence?

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La religion et la politique sont deux choses totalement différentes. L’une est sacrée; l’autre jouit d’une sacralité relative

Si on est croyant on doit savoir à quel pouvoir on veut s’identifier

Le rappel d’un article paru dans un hebdomadaire à l’effet qu’il n’y a aucun musulman dans le front bench du gouvernement, est pertinent dans la mesure où l’équilibre communautaire a toujours été une considération primordiale dans la sélection des candidats; et donc dans la répartition des positions à pourvoir. Cet équilibre est toujours d’actualité peu importe le parti au pouvoir. C’est un critère incontournable dans le choix des candidats aux élections. Il le sera aussi longtemps que nous continuerons à perpétuer la pensée communautaire.

En 2017 à l’ère informatique, l’ère de la globalization, l’ère où les barrières tombent un peu partout, on ne peut se permettre de perpétuer le port des visières. Il est plus que temps de favoriser la notion de nation contre celle de communauté. Car le slogan des années 80 “ene sel lepep ene sel nation” qui était devenu, au fil des luttes, une notion de valeur, semble avoir perdu de sa verve.

Le choix d’aligner quelqu’un à une position quelconque dans la hiérarchie gouvernementale, est la prérogative du Premier ministre. Et si dans sa sagesse il a vu en Vishnu Luchmeenaraidoo le meilleur candidat, on ne peut lui reprocher son choix juste parce que celui-ci n’est pas un musulman. Il n’y a rien qui dit qu’il faut absolument un musulman sur le front bench. Il s’agit du  fond et de la forme. En ce qui concerne l’incompétence ou la “sanction” de qui que ce soit (dont fait référence l’article), c’est une question d’appréciation. Qu’est-ce que cela peut nous procurer de voir un des nôtres dans une position stratégique de pouvoir, sinon l’arrogance, l’outrecuidance ou une satisfaction démesurée et sans valeur tangible? Une personne raisonnable doit savoir faire la part des choses.

Cependant il n’y a aucune raison de s’alarmer. Quelle différence cela fait par rapport à la communauté? La religion et la politique sont deux choses totalement différentes. L’une est sacrée; l’autre jouit d’une sacralité relative. C’est nous (êtres humains, peut-être encore à la recherche identitaire) qui faisons toujours l’amalgame, inutile, inapproprié et hors-cadre. Si la religion incarne le pouvoir divin, la politique, par contre, c’est l’expression du pouvoir de l’homme sur ses pairs. Et si on est croyant on doit savoir à quel pouvoir on veut s’identifier. Alors se pose la question suivante: Qui a besoin de qui pour sa survie? En d’autres mots est-ce que la religion a vraiment besoin de la politique ou c’est l’inverse?

Au rythme des évènements et des célébrations religieuses, très tendance de nos jours (on ne manque plus un moment pour célébrer une fête ou de faire trainer des célébrations à la longueur du  mois), qui gagnent de plus en plus l’allure de manifestations politiques, on dirait que la religion semble perdre petit à petit sa force de frappe vu sa dépendance (à outrance) sur la politique. Cette perception est le résultat de l’usage que font les gens de la religion vis-à-vis de la politique. Au lieu du chef religieux c’est le politicien qui vole la vedette.

Les informations, en particulier celles de notre station nationale, sont répercutées entre deux mesures: celle de la sélection et celle du survol. La sélection consiste à relayer, plus souvent que non, en long et en large, sans souci du temps d’antenne, ce que le politicien veut passer comme message. Et l’on peut deviner le contenu des prestations dans  un encadrement “religieux”. C’est la plateforme “par excellence” pour les invités politiques de vociférer, la plupart du temps, contre les adversaires politiques. Fête religieuse? Sacrée, vous dites? Le message du chef religieux, lui, est relégué au dernier plan, si encore on arrive à lui allouer le temps de faire passer son message; et ce, en survol.

Donc si on veut questionner l’action gouvernementale ou la manœuvre politique il nous faut avant tout nous questionner nous-mêmes; nos rôles en tant qu’adhérant religieux et adhérant politiques tout en gardant notre identité nationale. Libre à chacun de se faire fouetter.

AMANOOLA KHAYRATTEE

 

 

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