Comité 17 octobre: Inclure les plus démunis dans la réflexion sur l’éradication de la pauvreté

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Le combat contre la pauvreté a longtemps été au centre de débats passionnés à Maurice et ailleurs. Intellectuels, politiciens, étudiants, travailleurs sociaux et experts de toutes sortes ont tous donné leur avis sur la question depuis des dizaines d’années. Certaines personnes ont cependant toujours été maintenues hors de ce débat, pourtant d’une importance capitale pour la construction de la société de demain. Il s’agit, paradoxalement, de ceux-là même qui souffrent de ce mal aveugle et rampant qu’est la pauvreté.

Afin de donner une voix aux sans-voix, et de permettre à ceux qui le souhaitent de rencontrer, d’échanger et de montrer leur solidarité avec les plus démunis, le Comité 17 octobre a tenu une journée de réflexion, samedi 13 Octobre 2018, à l’Université de Maurice, sur le thème “Respecter les droits et la pensée de chaque être humain: apprendre à penser ensemble”, en marge de la Journée Mondiale du Refus de la Misère (voir à propos). Durant la matinée, des groupes de travail ont été institués pour réfléchir sur différents mots-clés ayant trait à l’éradication de la pauvreté. Ces groupes étaient composés d’étudiants de l’UoM, de professeurs de l’Université, de travailleurs sociaux, de représentants de ministères ou de familles vivant sous le seuil de pauvreté.

Au départ, chaque groupe a réfléchi séparément sur les différents thèmes, explique Jean Toussaint d’ATD Quart Monde Maurice, l’une des associations-membres du Comité 17 octobre. Puis, nous nous sommes rassemblés et nous avons comparé les conclusions de chaque groupe. Au vu des résultats, il est certain, et cela nous le savions déjà, que chaque personne réfléchit différemment selon son background social, ses convictions personnelles, etc. Toutefois, tout l’objectif de cette journée était de montrer qu’il est plus que nécessaire que nous réfléchissions tous ensemble au problème, et que nous trouvions des solutions pour briser ces barrières.

Les enjeux restent en effet d’une importance primordiale pour l’avenir du pays et pour de nombreux Mauriciens. “C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous souhaitons que ces familles soient véritablement incluses dans le debat. En les écoutant, en dialoguant avec elles, nous pouvons nous rendre compte de la situation inacceptable dans laquelle elles vivent, de leurs besoins, et ainsi mieux nous adapter pour trouver des solutions au problème”.

Après les ateliers de la matinée et la mise en commun du travail de chacun, les participants ont partagé leurs conclusions :

“Le pays avance, mais la situation des familles les plus pauvres n’avance pas. Cela veut dire que nous avons failli. En tant que travailleur social, avons-nous reçu une bonne formation ? Quand on écoute les personnes qui vivent les situations de pauvreté, comme nous l’avons fait aujourd’hui, nous apprenons plus que dans les livres.”

“ Droit et dignité vont ensemble, comme le rappelle le slogan de la journée “Anou respekte drwa ek dinite sak dimounn”. Nous avons parlé pas seulement d’abri, mais de logement décent, nous avons parlé de travail décent avec un salaire qui permette de vivre, nous avons parlé d’une éducation qui soit vraiment pour tous les enfants. Mais quand on parle de pauvreté, on pense souvent à l’argent. Mais les familles en pauvreté ont peu parlé de cash aujourd’hui, elles ont parlé de respect, de dignité, de discrimination, de justice. Nous parlons d’argent et elles parlent de valeurs !”

Les travaux de la journée sont rassemblés en un certain nombre de recommandations, qui seront rapidement transmises aux autorités.

A propos du Comité 17 octobre
Le Comité 17 octobre est un regroupement d’associations mauriciennes qui a pour but de promouvoir la Journée Mondiale du Refus de la Misère, qui a lieu tous les ans le 17 octobre. Cette journée a été créée par Joseph Wresinsky, le fondateur du mouvement mondial ATD Quart Monde. La première édition a eu lieu en 1988, et elle a été officialisée par les Nations-Unies en 1992. Cette année, cette Journée est doublement importante, puisque 2018 marque le 70e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Le thème retenu par l’ONU est “s’unir avec les plus exclus pour construire un monde où les droits de l’Homme et la dignité seront universellement respectés”.

 

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